Abstract
La région de l’Empordà, dans le nord de la Catalogne espagnole, voit l’émergence, depuis une vingtaine d’années, d’une paysannerie alternative à l’agriculture conventionnelle conjuguant des démarches d’écologisation à un processus de territorialisation du système alimentaire. C’est ce que cet article s’attachera à examiner chez des producteurs vitivinicoles et oléicoles ainsi que, dans une moindre mesure, des maraîchers et des éleveurs. Comment sont-ils parvenus à amalgamer ces deux processus ? Quelles sont les valeurs qui les guident et les pratiques qu’ils mettent en action ? Quelles sont les répercussions sociales et économiques de ces initiatives ? À l’aide de l’approche de la political ecology, nous proposons d’explorer les changements environnementaux récents ayant marqué l’Empordà, et qui s’ancrent dans un contexte socio-économique et politique constituant le socle sur lequel se fondent l’émergence de ces paysans alternatifs ainsi que les pratiques et les discours qu’ils mettent en avant. L’analyse révèle qu’ils proposent un modèle qui leur est propre, conjuguant mer et montagne, mais non sans ambiguïté. En ce sens, ils mettent en lumière les tensions et les paradoxes propres à ce monde « alternatif et écologique ».