Une mobilisation de victimes illégitimes.

Abstract
Dans l'immédiat après guerre, de nombreuses associations de défense des épurés sont fondées par des militants d'extrême droite. Des anciens collaborateurs se disent donc victimes et se mobilisent pour l'amnistie ou la réparation. Au-delà de ce cas exemplaire de retournement du stigmate, c'est à des usages politiques du passé tout à fait spécifiques qu'il s'agit de s'intéresser : construction de récits alternatifs, militantisme mémoriel, tout cela concourt à la production d'une mémoire collective de l'extrême droite, victimaire et révisionniste. Etudier ces récits et les « entrepreneurs de mémoire » qui les produisent et les font circuler, c'est se trouver au cœur d'un processus identitaire où victimisation, mémoire et politique sont indissociables.