Abstract
Par ses aspects hors équilibre, le sujet des verres de spins se rattache à une vaste catégorie de phénomènes non ergodiques (incluant l'essentiel des phénomènes d'hystérésis et de plasticité) que l'on peut aborder par des modèles qui se ramènent, à quelques variantes près, à un énoncé unique : une distribution d'états d'énergie différente, séparés par une barrière de potentiel. L'unicité du modèle implique une correspondance des propriétés expérimentales qui (comme nous le montrons dans le cas du caoutchouc) peut être exploitée pour acquérir des informations nouvelles. Cette généralité amplifie singulièrement la portée pratique de la suggestion qui a été faite selon laquelle une transition de phase serait nécessaire pour expliquer certains aspects pathologiques observés (par exemple le « cusp » en susceptibilité). La présence d'une phase verre de spins (on conçoit que les grandes constantes de temps mises en jeu en rendent la caractérisation difficile) serait de nature à renouveler les conceptions habituelles sur le sujet des transitions de phase (corrélation temporelle substituée à une corrélation spatiale ? ou même transition de phase sans paramètre d'ordre associée à la destruction d'une symétrie locale ?). L'enjeu justifie donc l'intérêt théorique actuel et la multiplicité des méthodes (champ moyen — groupe de renormalisation — simulation sur ordinateur) et des modèles (Edwards-Anderson, frustration...) par lesquels on tente de faire avancer l'analyse