La transmission du paludisme dans la zone de Niakhar, Sénégal

Abstract
La bio‐écologie des anophèles et la transmission du paludisme ont étéétudiées de janvier à décembre 1995 dans trois villages de la zone rurale sahélienne de Niakhar, au Sénégal. Cette zone de 29.000 personnes est depuis plusieurs décennies un observatoire régional de la population et de la santé. La collecte des moustiques a été pratiquées selon trois méthodes: la récolte des larves, la capture nocturne des moustiques femelles agressifs pour l'homme, et la capture au pyrèthre des moustiques au repos l'après‐midi dans les maisons. Les anophèles capturés ont été par ordre d'importance numérique: Anopheles arabiensis, An. rufipes, An. gambiae, An. pharoensis, An. funestus et An. coustani. Au sein du complexe An. gambiae, An. arabiensis a représenté 97% des femelles capturées sur homme et 98% des femelles semigravides capturées au pyrèthre (différence non significative); la seule autre espèce de ce complexe a étéAn. gambiae. Ces deux espèces appartenant au complexe An. gambiae ont été responsable de la totalité de la transmission. L'indice d'anthropophilie, calculé sur les femelles An. gambiae s.l. semigravides capturées au pyrèthre, a été de 83%. Le taux annuel de piqûre d'An. gambiae s.l. a varié entre 512 et 1558 piqûres par homme, selon les villages. Des vecteurs ont été observés toute l'année, à une densité très faible en saison sèche. Une importante augmentation de la population anophélienne, liée aux pluies, a atteint un maximum de l'ordre d'une dizaine de piqûres par homme par nuit en septembre et au début d'octobre; en septembre le taux de piqûres représentait 48% du taux de piqûre annuel. L'indice sporozoïtique moyen d'An. gambiae s.l., déterminé par ELISA révélant la protéine circumsporozoïte, a été de 1,6% pour les femelles agressives et de 1,8% pour les femelles semigravides au repos (différence non significative). Plasmodium falciparum a été la seule espèce plasmodiale observée parmi les anophèles infectés. La transmission dans les deux villages représentatifs de la zone de Niakhar a été de 9 et 12 piqûres d'anophèles infectés par homme par an, survenant principalement entre août et octobre. Dans le troisième village, non représentatif de la zone par ses gîtes larvaires permanents, la transmission a été de 26 piqûres d'anophèles infectés par homme par an. L'ensemble de ces résultats a été discuté dans le contexte de la SénéGambie et du Sahel.The anopheline bioecology and the malaria transmission were studied from January to December 1995 in three villages of the sahelian rural area of Niakhar, Senegal. This area of 29 000 inhabitants, has been for several decades, a regional observatory for population and health. The three methods used for collecting mosquitoes were the collection at larval stages, the all night human biting collection, and the pyrethrum spray catch in houses during afternoons. The anophelines collected were, by numerical importance: Anopheles arabiensis, An. rufipes, An. gambiae, An. pharoensis, An. funestus and An. coustani. In the An. gambiae complex, An. arabiensis represented 97% of man biting females and 98% of half gravid resting females (difference not significant); the other reminding species of this complex was always An. gambiae. These two species belonging to the An. gambiae complex were responsible for the totality of the transmission. The anthropophilic index, obtained from half gravid indoor resting An. gambiae s.l., was 83%. The annual biting rate of An. gambiae s.l. varied from 512 to 1558 bites per man per night, depending on the villages. Vectors were observed all year long but their densities were low during the dry season. Vector population presented a notable increase due to the rains, with a maximum of about 10 bites per man per night in September or at the beginning of October; during September the biting rate represented 48% of the annual biting rate. The sporozoitic index of An. gambiae s.l., obtained by ELISA revealing the circumsporozoite protein, was 1.6% for human biting females and 1.8% for half‐gravid resting females (difference not significant). Plasmodium falciparum was the only plasmodial species observed among infected anophelines. The annual transmission in the two villages representative of the Niakhar area were 9 and 12 bites of infected anophelines per man, occurring mainly from August to October. In the third village, not representative of the area regarding permanent breeding places, the transmission was 26 bites of infected anopheline per man per year. These results were discussed in the Senegambian and sahelian contexts.