Abstract
Les relevés de terrain et l’étude photo-géomorphologique révèlent que le secteur glaciaire du Labrador s’est scindé en deux au droit de la moraine d’Harricana et que par la suite ces deux calottes résiduelles, appelées respectivement glacier du Nouveau-Québec et glacier d’Hudson, se sont retirées l’une vers le nord-est et l’autre vers le nord-ouest au contact des eaux profondes du lac Ojibway. Cette masse d’eau a eu pour effet d’accélérer le retrait des glaciers dont la marge flottait localement à la manière des plates-formes de glace. Le retrait du glacier du Nouveau-Québec fut entrecoupé de courtes pauses et d’un arrêt majeur défini par la moraine de Sakami qui recoupe l’extrémité nord-est des basses terres de la baie de James. Trois récurrences du glacier d’Hudson ont affecté le secteur sud-ouest des basses terres et deux de ces mouvements appartiennent aux réavancées de Cochrane. L’étude de séquences varvées et les caractéristiques du till indiquent qu’il s’agit de crues glaciaires d’une glace partiellement flottée. Le lac Ojibway s’est étendu vers l’est jusqu’à la moraine de Sakami et au-delà de la Grande Rivière vers le nord. Il s’est probablement drainé vers le nord à la hauteur du 80° de longitude ouest. La mer de Tyrrell, qui a submergé les basses terres de la baie de James et de la mer d’Hudson, a atteint l’altitude de 290 m sur le versant est et de 198 m sur le versant sud. La vidange du lac, l’invasion marine et l’arrêt de Sakami sont datés à 7900 ans BP, alors que les réavancées de Cochrane I et II ont atteint leur position maximale, il y a 8200 ans et 7975 ans.