Abstract
Au cours des cent dernières années, la population active masculine employée dans l'agriculture française a diminué d'environ 40 %. Le reclassement d'une part de la main-d'œuvre agricole dans les secteurs secondaire et tertiaire s'est accompagné d'un déplacement de population important. Il s'est produit, à l'intérieur de la France, un flux de migration des régions à revenus faibles vers les régions à revenus élevés, l'intensité de ce flux augmentant en fonction de la différence des niveaux de revenu. Au cours de la seconde moitié du XIXe, la distance constituait un obstacle notable aux déplacements de main-d'œuvre, mais l'importance de cet obstacle s'est réduite au XXe avec l'amélioration des facilités de transports. La diminution de l'effectif de la main-d'œuvre agricole eût en général pour effet d'augmenter le taux de productivité du travail dans l'agriculture. Les migrations constituèrent à ce titre, un mécanisme régulateur tendant à réduire les disparités régionales des revenus par tête. A la fin du XIXe en particulier, on observe la persistance de différences régionales importantes dans les taux de rémunération de travailleurs d'un niveau de qualification analogue, ce phénomène s'explique par la lenteur du mécanisme des migrations au sein d'une économie en évolution rapide. Au cours des soixante-dix dernières années, la réduction des différences régionales des salaires fut très nette, elle fut plus faible en ce qui concerne le revenu agricole moyen ; les effets régulateurs du mécanisme des migrations furent partiellement contrebalancés par un développement des nouvelles techniques de production plus rapide dans les régions riches que dans les régions pauvres.Goreux L.-M. Les migrations agricoles en France depuis un siècle et leur relation avec certains facteurs économiques. In: Etudes et conjoncture - Institut national de la statistique et des études économiques, n°4, 1956 (11ᵉ année). pp. 327-376